La « Poutsado dal Diable »* est une des grandes curiosités du Nord Sidobre, une mer de blocs, unique en son genre.
Si les rivières de rochers encombrées de boules granitiques sont nombreuses en Sidobre (plus de 40) cette « Pochée du Diable » est composée de dalles de toutes tailles et d’aucune boule.
Ce phénomène se remarque très bien depuis le versant de Peyremourou en regardant vers le fond de la vallée de l’Agout au Sud.
Ce cône d’éboulis a canalisé toutes les chutes et glissements de dalles du versant nord, sur les cartes IGN il est très bien défini car il est vierge de forêt.
La grande force universelle a fait son oeuvre, non pas celle du Diable mais celle de l’attraction universelle: la gravité.
Le mode de transport mis en oeuvre sur ce versant a été déclenché par la pesanteur et assistée par les agents atmosphériques.
Depuis la piste forestière Est-Ouest de La Mongarié je pars à la découverte de l’origine de ces éboulements en suivant la cote 500m sous la piste.
L’ouverture de la piste a envoyé des débris de roches à plus de 50 m en contre bas, la plupart ont été freinés par les arbres, je me fraye un passage difficilement entre ces blocs acérés.
La reptation des dalles sous l’action de la pesanteur, la courbure presque systématique de la base des arbres,et l’encombrement de troncs qui achèvent leur lente désagrégation donnent déjà une idée de la formation du chaos au bord de l’Agout.
D’énormes langues de granit coupent le versant dans l’axe de la pente, ces murs atteignent en moyenne 3 à 4m et sont au nombre de trois.En examinant une de ces langues monumentales, je constate que les plans de diaclases sont inclinés et parallèles à la pente, de futures dalles pour alimenter la Pochée du Diable plus bas.
Cette première muraille se dresse devant moi mais une brèche m’offre un passage aisé, ce « pas » a été emprunté par les hommes, car le discret sentier y mène tout droit.
J’ai l’impression de m’engager dans un château fort, les marches naturelles me guident et un rocher imposant en déport simule une barbacane monumentale.
La dernière de ces trois murailles vers l’est reste la plus imposante, les longues tranches rocheuses d’épaisseur métrique suivent le cisaillement des diaclases.












Me voilà maintenant en vue du Roc de La Piasso dont la courbure caractéristique émerge de la forêt, c’est encore un témoignage de La Mongarié qui m’avait mis sur la piste de cette étonnante petite faucille de granit posé sur son manche.
Son aspect est tout autre vu de l’ouest, je l’avais baptisé « Le doigt de Dieu » sous cet angle, un monolithe dressé vers les cieux dans cet environnement majestueux.
Michel un ami de Baffignac m’accompagnait alors, et l’idée lui vint d’essayer de pousser avec le pied le bloc en équilibre, je hurlais alors un « non!!! » de frayeur car je pensais vraiment que la colonne aurait pu basculer dans le vide.
La masse énorme heureusement ne bougea point.
Les adjectifs et les superlatifs me manquent devant ce prodige de la géologie, j’espère que le cliché ci-dessous m’ aidera à vous convaincre.
Sur l’arrête des versants ouest et est, je découvre à nouveau Le Violoncelle, son manche creusé d’un sillon pour les cordes, et sa caisse.
Le tor comporte une colonne en partie détachée, sa falaise de granit est la plus haute du Sidobre.
Cette arrête entre deux versants, est et ouest est d’une richesse phénoménale en rocs curieux, l’imagination est en constante alerte, le contraste entre la végétation de type méditerranéenne et atlantique renforce le dépaysement constant.
Les grandes ouvertures sur la vallée offre un souffle de grands espaces dans ce Sidobre si souvent étriqué dans son écrin de forêt.
Ce secteur offre des formes qui changent du Sidobre traditionnel. La rédaction de l’article me donne l’eau à la bouche 🙂
Tu as raison, il est inviolé et il rete beaucoup de blanc sur les cartes…
Félicitations excellentes descriptions, mais dans les formes des pierres chacun y voit des formes différentes comme dans les nuages ! Avec des années en moins ça me donerrait envie d’y aller , maintenant déjà de voir grâce à l’ordinateur c’est fabuleux !
Oui l’imagination de chacun est différente et comme vous le dites les nuages sont un bon exemple de ce que notre imaginaire peut transposer en image…les rochers ont cependant des noms qui ont traversé les siècles seule la perspective change.
L’angle de prise de vue due à l’environnement forestier empêche parfois de reconnaitre les rocs et leur forme.
La Piasso et la Forco sont des noms locaux, immémoriaux.
Le violoncelle ou le Doigt de Dieu sont le même roc baptisé par deux imaginations différentes: celle de Jean-Luc et la mienne.
Le Sidobre révèle notre âme profonde à travers les formes qui nous sont constamment proposées.
Le granit appelle la légende et le mystère, « cepetit coin d’Armorique perdu dans le Midi ».