Retour sur la piste de La Mongarié, je veux retrouver des petites cabanes de bergers découvertes selon les indications d’un paysan du Hameau, j’étais alors accompagné de mes enfants Rémy et Sophie agés d’une dizaine d’année.
Ils étaient vaillants pour affronter les ronces et les obstacles de la forêt, nous étions en phase pour l’aventure et la découverte de la nature en général.
Encore perdu dans mes souvenirs je rejoints la piste principale et descends vers l’ouest une centaine de mètres plus bas jusqu’à un petit rec (ruisseau) à sec en été.
Une marque orange indique un sentier depuis le talus et à l’ouest.
Je pénètre dans la forêt, châtaigniers, hêtres et chênes cohabitent avec les houx. Les parcelles d’autrefois sont délimitées par de nombreuses murettes en pierres sèches.
Très rapidement, je retrouve les cabanes.
Il s’agit plus exactement de deux petites balmes assez courantes dans le pays.
Maculées de mousses et de lichens, fermées par des blocs de pierres grossièrement ajustées.
Une dalle et un appui naturel(sorte de dolmen) forment un abri fermé par des murettes de pierres sèches et deux blocs qui déterminent l’entrée .
Difficile de les dater ces constructions sommaires, la « Balme du père » située à quelques km (La Fusarié), a été construite en 1930, pourtant on aurait juré qu’elle était du néolithique!
Celles-ci donnent la même impression.
Balmo, Balmasse, Borio, Jasse, ces dénominations se trouvent un peu partout en Sidobre, la toponymie locale a gardé la mémoire de ces abris.
Les hommes graveurs de statues-menhir construisaient des cabanes en bois dignes de ce nom, ces balmettes n’étaient certainement pas assez salubres pour eux,et je pense qu’elles sont beaucoup plus récentes qu’elles n’y paraissent.
Ces deux abris sont situés approximativement sur le même axe (est-ouest) et se remarquent assez aisément.
Une belle agglomération de roches dont une est posée sur un haut socle domine les balmettes ce qui ajoute encore à la majesté du lieu, une muraille de pierres sèches épouse la forme du roc sur laquelle elle s’appuie, ainsi l’évocation de ruines mégalithiques reste omniprésente.
Sur le même axe est-ouest en montant vers le sommet (612 m), je me trouve face à un ensemble de deux hautes masses supportant un oiseau de proie pétrifié, le bec pointé vers le bas il semble surveiller l’entrée de la faille qu’il couvre.
Allure monumentale, une fois de plus mes pensées s’envolent au gré des millénaires et de cet oiseau improvisé…
Je contourne cette agglomération et arrive sur le bord du plateau, de nombreuses roches sont brisées et indiquent une activité ancienne de débitage du granit.
La croupe arrondie de l’agglomération de l’oiseau comporte sur son flanc ouest une lame de granit qui s’est désolidarisée de la masse. La partie plate et verticale et la partie convexe auraient fait un beau menhir, mais certainement ne s’agit-il là que d’un pur hasard de l’érosion.
Je contourne un ancien pré maintenant envahi de fougères et arrive à la croisée des chemins : La Mongarié-Le Secun-Haut, de vieux hêtres gardent une statue menhir couchée dans l’ombre.
Un artiste inconnu a cru bon de rafraichir à la craie les gravures: la ceinture, la boucle, les jambes et le baudrier apparaissent plus clairement, mais je ne crois pas que les archéologues apprécieraient cette offense!
Je reviens un peu sur mes pas pour continuer à explorer le flanc nord sous le sommet, une nouvelle agglomération m’évoque un casse-tête chinois, en la contournant je tombe une fois de plus sur un imposant « menhir » appuyé contre la masse.
Je l’observe de très près en espérant trouver les gravures caractéristiques des statues-menhir mais rien, seule la forme est troublante par sa grande similitude avec les mégalithes de la vallée de l’Agout.
Je reconnais à peine le pré qui existait dans les années 90, j’avais exploré cette partie sommitale avec mes enfants Rémy et Sophie, aujourd’hui, le pré est abandonné et presque inaccessible.
Mais là, je reconnais cette forme allongée, ce roc élégant creusé de deux cuvettes, je revois mes deux petits explorateurs s’amusant de notre découverte.
Jean-Luc avait découvert un Roc Tremblant pas très loin sur le plateau, qu’il avait nommé RT de Thérondet, je le retrouve sans difficulté, posé sur son socle, son aspect zoomorphe le caractérise.
Un curieux petit Tor* lui tient compagnie. Un autre rocher simule une borne d’amarrage de bateau, Noé sur le Mont Arraras ne l’aurait pas dédaigné pour y accrocher son arche.
Je reprends l’exploration du versant nord, à la recherche d’un Labans* aperçu depuis Peyremourou. La surface inclinée de rochers nus m’éclabousse de lumière, je m’y repose un instant et profite de la vue exceptionnelle face aux Tors de Peyremourou sur le versant opposé.
Au pied de ces labans se trouve un curieux roc strié de petites failles d’un côté et quadrillé de l’autre.
Une nouvelle dalle couchée me donne une fausse joie, j’ai eu l’impression un instant d’y voir le sillon caractéristique d’une ceinture de statue-menhir. Je dégage activement la mousse qui la recouvre et déception ! C’est une fissure naturelle.
Une aiguille (Roc Agularum) rocheuse se remarque sur un gros Tor, une « corde » érodée y a laissé ses empreintes triangulaires, ce sera le roc Triangularum.
Un peu plus loin, un roc a basculé de son socle, les cuvettes en position anormale en sont la preuve.
Le puits d’aération de la conduite forcée de l’usine hydro-électrique de Luzières marque la fin de cette exploration, le lac de Luzière se devine à travers la forêt.
*Tor: terme géologique anglais signifiant accumulation de roches sur un sommet.
-
Articles récents
Archives
Catégories
Méta